MARIN PÊCHEUR - CHALUTIER

Je me présente, je m’appelle Etienne. Je suis capitaine d'un chalutier de 14 m rattaché au port de la Cotinière sur l’ile d’Oléron.

Avec mes 3 matelots, nous pêchons au chalut de fond en Golfe de Gascogne, l’été comme l’hiver. Notre seul guide dans cette étendue de mer : nos connaissances et notre expérience !

À cette saison, de septembre à mars, nous ciblons la seiche qui est en pleine période migratoire et se trouve près du littoral. Passée cette periode, les seiches reprennent le large et c'est moins facile d'en trouver. D’avril à août, c’est la langoustine que nous ciblons. 

Les journées se suivent sans se ressembler mais si je devais vous résumer mon quotidien, cela ressemblerait probablement à ça :

1. Pêcher la seiche, ça se prépare !

Avant de partir à la pêche à la seiche, il faut prendre en compte ces trois facteurs : la météo, la marée et l'état de notre matériel.

En effet, ce céphalopode vivant la plupart du temps proche des fonds marins, principalement dans les fonds sableux et les vasières calmes, a tendance à remonter de quelques mètres dans la colonne d’eau lors des grosses météos.

Ainsi, les jours de mauvais temps, nous avons parfois du mal à trouver la seiche qui ne se trouve plus sur le fond mais quelques mètres au-dessus.

La météo est en effet un facteur très important. En plus de connaître les horaires de marée, ces connaissances nous permettent de coordonner au mieux nos temps de travail et nos entrées et sorties du port.

Bien veiller à avoir une belle météo assure donc des manœuvres plus rapides et plus simples, tout en garantissant la présence de seiches sur les fonds que nous ciblons !

Comme nous partons pour des semaines entières, nous devons nous assurer de ne rien manquer sur le bateau et de bien réviser notre matériel.

2. Tous en mer !

Tout est prêt.

Une belle journée s’annonce ce samedi matin. Il est dix heures et grand temps d’embarquer.

Nous prenons le large à la recherche de fonds sableux profonds entre 15 et 80 m (selon l’emplacement géographique).

Nous avons pour habitude de nous déplacer de 20 à 30 miles pour chercher la seiche et en avons pour un peu plus de 5 heures de route.

3. Un trait de chalut à la mer !

Une fois arrivés à l’emplacement idéal, nous réalisons un premier trait de chalut qui va révéler la présence ou absence de seiches. Nous réduisons ensuite notre vitesse et mettons à l’eau le chalut.

D’abord le cul du filet, puis le corps et les cordes de dos avec les flotteurs pour permettre l’ouverture verticale du filet.

Ensuite les ailes, les bras puis les panneaux lesteurs et enfin, les câbles reliant le tout au bateau.

Le chalut se pose petit à petit sur le fond marin au fur et à mesure que l’on avance. Une fois posé, nous commençons ce qu’on appelle un « trait ». 

Nous continuons d’avancer à petite allure pendant que notre chalut, de type sélectif, pêche les espèces situées dans le fond. Son maillage et ses ouvertures permettent d’être sélectifs sur la taille des espèces et le tri de cailloux.

Chaque trait se fait en une moyenne de 3 heures.

4. Tous sur le pont !

Il est 19 heures, notre premier trait est fini. On a tous hâte de virer le chalut et voir ce que la mer nous a rapporté.

C’est alors que l’enrouleur entre en piste, il remonte le chalut petit à petit : d’abord les câbles puis les panneaux que nous accrochons à l’arrière du bateau. Le chalut est enroulé dévoilant le contenu présent dans le cul de celui-ci. L’ensemble du chalut est enroulé à l’exception de la dernière trame correspondant au cul de chalut en forme d’entonnoir. Ce dernier reste positionné en hauteur et verticalement dans le bateau.

Il ne reste plus qu’à l’ouvrir par le bas pour déposer l’ensemble de la pêche sur le pont et commencer le tri.

Bien que ce soit la saison de la seiche, nous remontons souvent d’autres espèces vivant dans le même milieu comme l’encornet, le merluchon, la lotte, la sole, le barbet. Nous avons bien sûr les licences pertinentes pour ces pêches complémentaires et une petite partie des quotas de notre Organisation de Producteurs est prévue pour ces prises-là.

5. Place au tri !

Nous commençons à trier espèce par espèce en distinguant les différents calibres.

Nous rinçons le tout et nous éviscérons les espèces les plus fragiles, comme le merluchon, le merlan ou la lotte puis les nettoyons à nouveau, une à une. La seiche fait mesure d’exception, elle ne peut qu’être rincée et nettoyée entière, afin de garantir sa fraîcheur au consommateur.

6. La pêche passe au bac !

Nous disposons maintenant l’ensemble de la pêche dans des bacs organisés par espèces. En début de marée, nous les recouvrons de film plastique et de glace. Seule la pêche de fin de marée est épargnée de glace pour être vendue vivante ou extrêmement fraîche.

En attendant l’heure de la vente, toute notre pêche est conservée dans la cale à une température de -1°C et 0°C.

7. « Cher journal… »

La journée de travail continue, nous enchaînons avec un autre trait de chalut sur une autre zone.

A chaque virée de chalut, nous estimons le poids de notre pêche puis le cumulons en fin de journée pour le renseigner sur notre « logbook ». Il s’agit d’un journal de bord électronique que nous avons l’obligation de renseigner tous les jours avant 23 heures afin de déclarer notre pêche, ses caractéristiques, son poids, sa zone de pêche, parmi d’autres informations.

Toutes ces données sont utilisées pour le contrôle et la gestion des quotas ainsi que pour l’amélioration des connaissances sur la ressource.

Ces opérations sont réalisées en boucle et par quarts et sont assurées par au moins deux des trois marins embarqués.

Pendant ce temps, les deux autres se reposent afin d’être en forme pour assurer le quart suivant. Les moments d’attente sont aménagés par du repos, de la cuisine et des repas partagés.

8. Courte nuit

Nous travaillons ainsi jusqu’à lundi soir où nous prenons la route pour la Cotinière. Nous devons absolument arriver avant la vente en criée du mardi à 5 heures du matin.

9. Terre !

Nous sommes enfin à quai et commençons l’étiquetage des bacs.

Nous indiquons le nom de notre bateau avant de les débarquer avec des grues mises à notre disposition le long de la criée.

Nous les plaçons sur des palettes que nous amenons dans la chambre froide de la criée à l’aide de transpalettes. 

Notre pêche sera ensuite contrôlée, pesée, étiquetée par les agents de criée puis vendue aux enchères.

De notre côté, nous repartons aussitôt en mer puis reprenons nos activités jusqu’au vendredi où nous débarquerons tous pour une nuit. 

Chaque samedi, nous effectuons un roulement : un marin débarque pour une semaine de repos et celui en repos reprend le travail. Ainsi, nous avons chacun une semaine de repos par mois.

 

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